dimanche 15 mars 2009

SERIAL KILLER

Assassins. Criminels. Tueurs en série. Des catégories de personnes qui dégoûtent, terrorisent, horrifient. Mais qui intriguent aussi. Et peut-être qui fascinent.



Dans les journaux, la rubrique FAITS DIVERS a le plus d'adeptes. Des histoires glauques, malheureuses. Mais lues avec avidité !
Succès aussi des romans noirs et des personnages sombres. Comme ceux de Stephen King. Un écrivain dont les oeuvres se basent sur l'horreur, le fantastique et la science-fiction. Elles se vendent à plusieurs millions d'exemplaires dans le monde ! Vous connaissez Carrie, Misery, Shining, Charlie, Ça...


Et Patrick Bateman ? Vous connaissez ? Un golden boy de Wall Street apparemment parfait : intelligent, riche, jeune et beau. Mais incroyablement déconnecté de la réalité. Et surtout psychopathe. Un être superficiel, d'une cruauté inouïe avec ses victimes et étonnamment fragile. Il est le personnage principal, pour ne pas dire le héros, d'un livre à succès : American Psycho de Bret Easton Ellis.


American Psycho, au départ, c'est une commande de son éditeur Simon&Schuster pour 300 000 dollars. Mais ce dernier est tellement effrayé par le contenu qu'il le refuse ! Vintage va donc reprendre le flambeau.
A la parution du livre, le scandale éclate aux Etats-Unis. Mais cela ne l'empêche pas d'être publié en Europe où le succès arrive sans problème. American Psycho est un best-seller mondial.
Pourtant l'écrivain, sujet à des menaces de mort, est obligé de prendre des gardes du corps pour maintenir sa sécurité !


D'après Ellis lui-même, ce livre est une critique du capitalisme : la course aux biens matériels qui n'aboutit à rien. C'est le cas de Bateman qui ne s'exprime que par le paraître : sa coiffure, ses vêtements, son corps qu'il entretient à la perfection. Mais tout cela en vain. Dans un instant de lucidité, il le dit lui-même :


"... il existe une idée de Patrick Bateman, une espèce d'abstraction, mais il n'existe pas de moi réel, juste une entité, une chose illusoire..."


American Psycho, c'est toute une année avec un serial killer. Une montée en puissance de sa folie meurtrière qui s'exprime par un texte de plus en plus incohérent. Les crimes lui sont de plus en plus nécessaires. Les descriptions quasi-scientifiques, les constatations faites sans aucun sentiment rendent les scènes de meurtre frappantes de violence. On ne sait pas ce que Bateman ressent lorsqu'il tue. On l'apprend après, furtivement : il a aimé tuer, ça lui a plût.


La psychologie du personnage est très aboutie, recherchée et en même temps extrêmement troublante : à la fin du livre, on ignore encore tout de lui. Il est autant un mystère pour les autres que pour lui-même. Et le lecteur se retrouve perdu, comme le personnage. Un jour, il tue deux femmes. Le lendemain, il est au bord des larmes parce qu'il risque de ne pas avoir de réservation au restaurant.


Bateman, c'est le méchant. Ses crimes sont atroces, il hait les pauvres, les femmes, les homosexuels... Mais curieusement, on s'y attache. On est charmé, tout comme les autres personnages du livre le sont par lui. Un psychopathe ne devrait pas être un héros. Pourtant, on ne parle que de lui dans ce livre. De lui, de sa vie glacée comme une couverture de magazine. Glacée et parfaite en apparence.
Mais il ne faut pas oublier une de ses armes les plus efficaces : son humour. Noir, froid, cynique. Alors on peut dire que American Psycho est drôle. Drôle, sauvage et sombre. Comme Bateman.


Un roman noir, un de plus, et pas le plus récent (sorti en 1991). Un roman basé sur les recherches de l'auteur, mais entièrement fictif. Et pourtant, il est considéré comme un des meilleurs livres d'Ellis. Le crime répulse mais le criminel passionne. On oublie le nom des victimes mais on connaît le nom des assassins. Ils sont des stars à leur manière.


LEVEUGLE Christelle

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