dimanche 15 mars 2009

Le profilage

L’abondance des séries policières sur le petit écran semble créer des vocations dans le domaine du profilage. Cependant, ceux qui se passionnent pour ce que les séries leur montre comme étant le « profiling » ont souvent une image faussée de cette pratique. Une mise au point sur la réalité de ce métier s’impose.

Le profilage policier vise à définir la psychologie du tueur en série pour restreindre le spectre des suspects dans le cadre des affaires judicaires. Aujourd’hui en France, le Ministère de la Justice veut que le profiler soit un policier ou un gendarme, et que cet officier ait reçu une formation particulière qui l’accrédite à ce poste. L’analyse comportementale du criminel est la troisième étape de l’investigation policière après la récolte des indices sur la scène du crime et l’étude du crime en lui-même, mais les autorités n’ont pas systématiquement recours à cette méthode.
Retracer l’histoire de cette pratique dans ses grandes lignes permet de comprendre la pertinence de son utilisation. Déjà au XIXème siècle un psychiatre austro-hongrois avait ouvert des pistes de réflexion dans ce domaine en dégageant des passerelles entre les troubles intérieurs chez les meurtriers et leurs actes délictueux. Mais c’est en 1950 que le psychiatre américain James A. Brussel parvient à définir avec une très grande précision les principales caractéristiques du criminel Mad Bomber. De l’analyse de chaque détails du mode opératoire de ce dernier, il réussit à définir son sexe, sa posologie, ses conditions de vie…Autant de précieux indices qui peuvent aider la police à retrouver les criminels. Attention toutefois à ne pas croire que cette technique mène directement au coupable. Son intérêt réside plutôt dans l’orientation de l’enquête, la compréhension des motivations du meurtrier et l’éventuelle prédiction de la prochaine victime afin de protéger cette dernière.
Pour avoir recours au profilage, il faut que les crimes et délits soient de l’ordre du répétitif ou qu’il y ait possibilité de dresser un portrait psychologique type du criminel; ainsi les homicides de masse ou en série, les viols, les incendies criminels, les agressions sur enfants, le terrorisme, les cambriolages en série, les escroqueries peuvent faire l’objet d’une analyse par un profiler. Il s’agit de déterminer à chaque fois la silhouette du criminel mais jamais de mettre directement le doigt sur le coupable.
Contrairement aux idées reçues, le profiler ne se rend pratiquement jamais sur la scène du crime. Son support d’analyse est avant tout le dossier qui rend compte des constations effectuées sur la scène du crime, des différentes dépositions faites par les témoins, des témoignages du voisinage, des photographies et des plans de la scène du crime, etc. Le profiler et l’enquêteur travaillent en parallèle. L’enquêteur est la principale source d’information qu’utilise l’analyste comportemental, qui aide à son tour l’enquêteur à trouver des pistes, ou à en privilégier certaines par rapport à d’autres.

Voilà encore qui casse un mythe fondé autour des polars et autres séries télévisées. Le profilage est un métier qui commence tout juste à avoir sa place au sein des commissariats de police. C’est une science qui demande beaucoup de rigueur dans les analyses, et qui comme toutes les sciences humaines ne disposent pas de règles immuables. C’est un regard vigilant qu’il faut porter à cette pratique qui ne peut garantir des résultats systématiques.

Ruelle Jessica


http://profiling.free.fr
http://www.tueursenserie.org
http://www.justice.gouv.fr/art_pix/rapportdacg0703_synth.pdf

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